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L’intelligence conversationnelle est-elle au cœur de la nouvelle relation homme / machine ?

Lorsqu’en 1970 le roboticien japonais Masahiro Mori publie sa théorie de l’ « uncanny valley », la vallée de l’étrange, il met en confrontation le degré de familiarité d’un robot et son anthropomorphisme. Il cherche à démontrer dans son article qu’un être mécanique n’est pas forcément accepté par l’homme en fonction de son réalisme esthétique. L’auteur considère qu’un objet atteignant un niveau de ressemblance anthropomorphique élevé peut faire apparaître une sensation d’angoisse et de malaise. Malgré tout, la théorie prévoit un certain niveau de perfection dans l’imitation où les objets androïdes sont de mieux en mieux acceptés. Ce dernier est actuellement atteignable pour quelques prothèses, qui n’emportent d’ailleurs pas forcément l’adhésion du public, mais reste insurmontable pour des êtres humanoïdes. Comment, dans ces conditions, la machine peut devenir un être à part entière ?

Jugé au premier regard

Une notion sous-jacente à la Vallée de l’étrange est la classification qu’exerce l’humain lors de sa première confrontation à la machine. S’il comprend à son premier regard que c’est un robot, il aura tendance à apprécier les actions qui le rapprocheront de l’homme. En effet, certains robots offrent une ressemblance, non pas dans leur apparence statique mais dans leur façon de se déplacer. Construits dans le but d’améliorer la compréhension des interactions locomotrices, comme le robot Atlas, ils peuvent produire involontairement un effet visuel frappant. A contrario, s’il pense avoir à faire à un humain, il jugera le robot selon ses propres critères et considérera les traits de la machine comme monstrueux.

vallée de l'étrange Mori machine

Crédit : MATHUR, REICHLING, COGNITION, Janv. 2016. CC BY-NC-ND 4.0

Il est alors intéressant d’observer le rapport qu’entretient l’homme avec les technologies actuelles et ainsi comprendre comment ces dernières pourraient dépasser cet handicap visuel pour être mieux acceptées. Pour cela, il convient de prendre en compte une autre variable à la théorie de Masahiro Mori, l’intelligence de la machine. Cette dernière peut-elle prendre le dessus sur l’apparence de l’objet ?

 

Des appareils qui deviennent de plus en plus intelligents

Et s’il y a bien un appareil électronique qui est totalement adopté, c’est le téléphone. Sa relation entretenue avec l’homme n’est plus à démontrer. Il est, en règle générale, l’objet avec lequel nous passons le plus de temps et qui requiert le plus notre attention. Pour lui, nous sommes aussi prêts à consacrer une grande part de notre appareil cognitif : notre attention, notre regard et nos mains.

D’après une étude de PewResearchCenter :

  • 67% des propriétaires de téléphone vont regarder d’eux-mêmes s’ils ont eu un appel, un message ou une notification et ce même s’ils n’ont pas entendu leur appareil vibrer ou sonner.
  • 44% disent dormir avec leur téléphone au bord du lit pour être sûrs de ne pas louper un appel, un message, une information importante durant la nuit.
  • 29% décrivent leur téléphone comme « quelque chose dont ils n‘imaginent plus se passer».

Dans cette situation, il est possible de s’interroger sur ce qui rend la relation entre l’homme et le téléphone si spéciale. Bien qu’à première vue ce dernier ne fasse qu’exécuter des tâches demandées par son utilisateur, il peut être bien plus que ça. Il est capable de recueillir automatiquement les données dont le consommateur a besoin et lui rendre la vie plus simple. Il est, par exemple, en capacité d’adapter son trajet s’il repère un accident qui perturbera la circulation. Mais le plus important c‘est qu’il est à même de retranscrire ces informations en langage naturel. En ce sens, n’est-ce pas son intelligence qui peut le rendre plus acceptable qu’un robot à l’apparence humaine ?

Le dialogue vecteur de confiance pour l’intelligence conversationnelle

Cette utilisation du langage est d’ailleurs une problématique de plus en plus marquée avec l’avènement des chatbots qui semble révolutionner notre utilisation du téléphone et peut être même tout notre rapport à la technologie.

Le dialogue naissant entre l’homme et la machine permet de passer outre son aspect esthétique tout en faisant progresser sa personnification. Chez Microsoft, les principes de création d’un bot sont la compréhension de l’utilisateur et l’accompagnement pour atteindre ses objectifs. Cela expose parfaitement la progression technologique et les nouveaux paradigmes en terme d’intelligence conversationnelle. L’attachement entre l’homme et la machine n’est plus uniquement visuel ou mécanique. Cette dernière est maintenant capable d’exposer ses talents par un langage commun à son utilisateur. Donner de la voix à nos technologies permet d’abroger la contrainte esthétique. En effet, l’objet n’a plus besoin d’une forme spécifique tant qu’il réalise les tâches qu’on lui assigne. L’intelligence artificielle fonctionne alors très bien lorsqu’elle s’adapte aux objets du quotidien. Un réfrigérateur peut, par exemple, interagir et donner des informations quant à son utilisation sans pour autant avoir quelconque forme humaine.

Nos futurs conseillers sont partout

L’entreprise Bosch présentait d’ailleurs au CES 2017 sa vision à moyen terme en ce qui concerne les objets connectés et voit en eux les conseillers personnels de demain. Pour Bosch, cela passe par la création d’un écosystème connecté avec l’expansion du marché des objets connectés et l’utilisation de leur capacité à interagir avec l’homme. En utilisant les intelligences artificielles et leurs adaptations mécaniques, ils pourraient se personnaliser automatiquement aux attentes de chaque utilisateur.

Ce dernier communiquerait avec tous ses objets du quotidiens afin d’obtenir des recommandations et d’optimiser leurs utilisations en fonction de ses envies. Dans un tel écosystème, nous pouvons même nous demander si la machine ne devient pas un être à part entière de notre quotidien ? Contrairement à la problématique de la vallée dérangeante, il n’y a plus de recherche de ressemblance entre l’homme et la machine mais uniquement l’instauration d’un moyen de partage. Par ce procédé, les machines autonomes sont plus facilement acceptées par le grand public.

Le mouvement, progrès de demain ?

Le succès des objets connectés semble alors régi par une communication accrue avec l’homme tout en restant une forme déshumanisée. Au-delà des théories de Masahiro Mori, c’est l’aspect conversationnel qui semble instaurer de l’empathie entre l’homme et la machine. Malgré cela, l’aspect esthétique n’est pas négligeable, et reste approprié à certaines utilisations. Les robots d’accueil sont, par exemple, particulièrement bien acceptés lorsqu’ils se déplacent et qu’ils possèdent des traits humains. Il reste donc nécessaire d’envisager ces moyens de personnification pour en faire des acteurs de nos quotidiens. Le mouvement en particulier apparaît comme vecteur d’adhésion. L’entreprise de robotique Boston Dynamics réalise des humanoïdes programmés pour générer de petits mouvements bio-inspirés. Notre cerveau perçoit alors la machine comme plus humaine et plus familière. Dans ce contexte, les problématiques de la vallée dérangeante sont alors à repenser en totalité.